Histoire du Christianisme, première exécution d'un hérétique

Priscilien fustige l'émergence d'un clergé de notables

Selon Prospère d'Aquitaine Priscilien serait né en Gallicie d'une famille sénatoriale. En 370 il se rend à Bordeaux auprès d'un maître réthoricien Delphidius. Aux abords de la cité il fonde une communauté rigoriste en compagnie de son maître et l'épouse de celui-ci, Eucrocie. On lui connait une relation avec leur fille Procula bienque Saint Jerôme fasse mention de Gala comme compagne officielle.

Vers 379 sous le consulat d'Ausone et d'Olybrius, il retourne en Gallicie et commence sa prédication. Ses idées obtinrent un grand succès spécialement parmi les femmes et les couches populaires par le rejet de l'union entre l'église et l'état impérial, la dénonciation de la corruption et enrichissement de la hiérarchie écclésiastique.

Des évêques convoquent un concile pour le dénoncer

En 380 les évêques Ithace d'Ossonuba, Hygin de Cordoue et Hidace d'Augusta-Emerita convoquent un concile à Cesar-Augusta afin de condamner les idées de Priscilien. Y assistent deux évêques Aquitains et dix évêques hispaniques mais l'absence des deux principaux accusés les évêques Instance et Salvien évite une condamnation ferme. Peu de temps après ils élèveront Priscilien à l'évêché d'Avila. L'évêque Symposien d'Astorga abandonne le concile le second jour, des années après il occupera une position significative parmi les disciples de l'hérétique gallicien.

L'évêque Valerien amphitrion du Synode s'en tient aux recommandations d'Ambroise évêque de Milan siège de la cour de l'empereur Gracien, de ne pas condamner in absentia.

Instance et Salvien se rendent a Augusta-Emerita pour y rencontrer Hidace mais doivent battre en retraite devant une foule exaltée par l'arangue de l'évêque métropolitain. Des épitres accusatrices s'échangent entre partisans et détracteurs de Priscilien.

L'affaire remonte à Rome

Une épitre de Hidace à Ambroise le convainc d'obtenir un décret impérial d'excommunication et d'exil de leur évêché contre Priscilien et ses disciples.

En 382 Priscilien se rend à Rome pour se défendre, mais l'évêque hispanique Damase occupé à devenir le premier pape refuse de le recevoir se considérant incompétent pour annuler un décret de l'empereur. Le gallicien se rend alors à Milan et profite de l'absence de Gracien pour obtenir de son officier majordome Macedonien l'annulation du décret.

Il retourne en Hispanie réaffirmant la position de son groupe et obtient l'accusation d'Ithace comme perturbateur de l'église. Le proconsul Volvence ordonne la détention de l'évêque et celui-ci prend la fuite à Civitas Treverorum sous la protection de l'évêque Britto.

Le gouverneur Maxime tue l'empereur Gracien et le remplace

En 383 le gouverneur hispanique de Britania Magno Clemente Maximo se rend en Gaule à la tête de 130.000 soldats, met en fuite Gracien puis l'assassine au cour d'une embuscade dans la forêt de Lyon. Ses légions l'acclament empereur d'Occident mais l'empereur d'Orient Théodose ne le voit pas d'un bon oeuil.

La délicate position de Maxime l'oblige à chercher appui auprès de l'église en difficulté face aux mouvements dissidents qui se multiplient au sein de l'empire: arriens, rigoristes, binionites, patripasiens, novaciens, nicolaïtes, offites, maniquéens, homuncionites, catafriges, borboritae et prisciliens.

Maxime s'entend avec l'Eglise menacée de toute part pour condamner Priscilien

Le priscilianisme s'étend alors en Hispanie et sur une bonne partie des Gaules. Maxime offre à l'église la condamnation officielle de ce mouvement. La sentence d'hérésie comportant la confiscation par l'état des temples de la secte n'intéresse ni la hiérarchie ecclésiastique ni l'empereur.

Il est conçu alors un procès judiciaire contre les évêques priscilianistes pour sorcellerie. La sentence réquisitionne les biens des condamnés, issus de familles aisées, sans affecter le patrimoine ecclésiastique.

Un nouveau concile est convoqué à Bordeaux auquel se rendent Priscilien suivis de plusieurs disciples, où leur hérésie est à nouveau proclamée mais seule la déposition d'Instance est obtenue. Pendant la célébration de ce conclave une foule hostile lapide la disciple Urbica.

Priscilien tombe pour sorcellerie

Elle abandonne le conclave dans l'espoir de convaincre l'empereur d'intervenir en faveur de son groupe et se dirige vers Civitas Treveris en Germanie Supérieure où Maxime à établit la cour, sans se douter qu'Ithace y a déja tissé la toile qui en finira avec sa vie.

En 385 Priscilien arrive à Treveris où il est accusé par l'entremise d'Evode préfet de l'empereur, de pratiquer des rituels magiques incluant la danse nocturne, l'usage d'herbes avortives, l'astronomie cabalistique.

Après l'obtention par la torture des aveux de Priscilien, il est décapité avec ses disciples Felicísime, Armenien, Eucrocie la veuve de son maître Delphidius, Latronien, Aurelien et Asarien.

Epilogue

Priscilien a fondé une école ascétique, rigoriste, libertaire, précurseur du mouvement monacal et opposée à l'oppulence croissante de la hiérarchie écclésiastique dominante au IVeme siècle. L'oeuvre et la vie de ce missionnaire de l'esprit suscite un flot continu d'ouvrage alors qu'il n'est ni le premier ni le seul dissident de l'église.

sources et