lundi 22 novembre 2010

Réhabilitation de la Milice de Vichy ou la Chute de la Maison France


C'est trop facile de faire porter le chapeau aux figurants d'une tragédie. La lecture de l'ouvrage de Giliotto nous permet de recadrer la Milice dans les circonstances historiques qu'elle traversa.
La politique de Vichy fut définie par l'opposition legislative au gouvernement Dalladier. En dépit de s'être prononcée contre la déclaration de guerre, elle se plia par patriotisme aux décisions du gouvernement avec l'échec que l'on sait. Cette opposition se fondait sur le constat d'impréparation militaire, le traumatisme de la guerre de 14, les idées pacifistes ou l'approbation de la doctrine germanique. Pratiquement tout le spectre politique s'opposait à cette guerre des communistes aux fascistes: ce fut en vertu d'un traité de défense proposé tardivement par l'Angleterre à la Pologne en 1938 auquel s'était joint la France, à la merci de provocation, que la guerre fut déclarée à l'Allemagne. Les francais furent entrainés dans la guerre contre leur gré, la droite jugeait la défaite comme n'étant pas de son fait mais celui de ses adversaires politiques, les principaux responsables en fuite ou démissionnaires, elle dut néanmoins en assumer toutes les conséquences, notament celle de gouverner sous occupation.

Bienque nommée par l'assemblée belligérante, Vichy ne s'estimait pas l'héritière du gouvernement Dalladier, le rendant responsable de la défaîte du simple fait de la déclaration de guerre conjointe avec l'Angleterre, son chef Pétain pouvait dès lors serrer la main au victorieux Hitler à Montoire avec l'appui d'une frange de l'opposition, la collaboration paraissant volontaire malgré l'absence criante d'alternative.

La Milice, à l'origine un association d'ancien combattant, adhéra aux vues de Vichy, les considérant dictées par les circonstances. elle endossa l'obligation morale de lier son sort à celui des vainqueurs en collaborant. Sa fidélité fut remarquable alors qu'elle rentrat en action après la défaite militaire allemande en Russie et le débarquement américain en Afrique du Nord, derniéres cartouches de Vichy sans pour autant accéder au statut d'armée. Après la libération, la Milice, s'identifiant à l'irrédentisme nazi, s'engagea militairement dans l'armée allemande à l'heure de sa débacle.

Les miliciens ont portés le chapeau, se retrouvant du coté des perdants quand d'autres choisirent l'exil ou la clandestinité. Ils tentèrent de se défendre contre une résistance soutenue par l'étranger quand leur pays devait collaborer, désarmé puis occupé. Le chef milicien Joseph Darnant, valeureux héros de la guerre de 14 mais pas assez instruit semble-t'il pour un poste de cette envergure, conduisit ses miliciens à l'abattoir, dans une lutte par trop inégale contre la résistance intérieure et l'invasion extérieure, puis comme division de la Whermarcht sur le front de l'est, pour subir la vindicte populaire pendant l'épuration d'après-guerre, qui emporta les derniers sous-fifres dans la vengeance des crimes de guerres nazis.

On le voit, les miliciens sont plus à plaindre qu'à blamer, surtout que les survivants poursuivirent leur carrière militaire dans les défaites coloniales à venir, en Indochine puis en Algérie.

La Milice accompagna la Chute de la Maison France, ébranlée par la victoire à la Pyrrhus de 14 et enterrée depuis les guerres de décolonisation.

P.S. Voilà un sujet si poignant qu'il est difficile de ne pas être péremptoire.

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