samedi 17 janvier 2015

La dégringolade de l'Euro-Franc

Le rivetage du Franc suisse sur l'Euro depuis janvier 2012 a accompagné l'essor foudroyant de l'industrie du courtage d'instruments financiers aux particuliers à travers le réseau internet.

Conjugué au prêt générateur d'effet de levier, il a permit au tout-venant avec une âme d'investisseur de bénéficier du swap des taux de banque centrale. En l'occurrence un différentiel de taux de quelques dixièmes sur un taux pratiquement invariable ou mieux, légèrement favorable, conjugué à un effet de levier à des centaines et la capitalisation des intérêts entrainaient de faramineux profits sans intervention ni risque, à condition que le système d'alerte des courtiers remplisse son rôle, le famux carry trade anglo-saxon.

Le rivetage de l'Euro-Franc fut une fameuse affaire qui ne se représentera pas sans doute de si tôt pour les investisseurs à effet de levier puisqu'il supprimait le risque de change, le différentiel de taux faisant le reste, mais aussi pour les courtiers profitant de la ruée sur ces nouveaux placements miraculeux.

Peine perdue, moult courtiers électroniques obnubilés par la mondialisation des profits oublièrent qu'ils étaient positionnés comme l'amalgame de leur client et donc qu'ils endossaient leur risque vis-vis des grossistes en liquidités, prêteurs de bout de chaine. S'attendaient-ils vraiment que la Banque de Suisse les prévienne par lettre recommandée qu'elle mettait fin à la manne qui les allaitait depuis deux ans?

En Suisse il en allait tout autrement, l'attelage s'était secoué les puces dès janvier 2013, en octobre les principaux courtiers avaient réduit la voilure à 10, alors que le reste de l'Europe s'en désintéressait et que les E.U.A. s'en tenait à 50. Survint l'annonce du 15 janvier et moult courtiers s'en furent fort dépourvus quand la bise fut venue, les plus grosses pertes affligeant de moindres leviers comme ceux des étatsuniens, plus lourdement positionnés.

Alors que des voix s'élèvent déjà réclamant un surcroit de régulation financière, les mêmes qui la décrient quand elle porte sur un autre secteur, les courtiers devront en tirer des leçons en prenant conscience de leur rôle de négociant en valeurs mobilières à leur corps défendant, en ajoutant à leur panoplie d'outils le levier variable, à l'instar de l'écart de taux variable selon les conditions du marché à déterminer sur le champs par un soit-disant expert lui-même sujet à défaillance.

En fait ces experts évoluent déjà dans les officines de change mais n'opèrent qu'à des leviers ridiculement plus bas comme disent les anglais. Pour ce qui est des pertes les courtiers peuvent toujours poursuivre leurs clients débiteurs et tenter de saisir leurs biens immobiliers, s'ils en ont le temps et les moyens, la plupart des investisseurs particuliers demeurant à priori peu exposés en regard du courtier, lui-même peu exposé au regard des pourvoyeurs de liquidités qui eux cumulent les pertes de la chaine en aval. Il reste à déterminer l'impact de ces milliards de pertes à priori difficilement recouvrables sur un marché en trilliards si l'on veut. Ces soit-disant colosses pouvant très bien reposer sur des pieds d'argile.




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